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Qu'est-ce que la sexologie?

Elle est souvent considérée comme la médecine de l'appareil sexuel humain, comme la dermatologie est la médecine de la peau ou l'ophtalmologie la médecine de l'œil. Effectivement, la médecine intervient pour soigner les pathologies physiologiques ou comportementales de la sexualité.

Mais on ne peut pas se réduire à cela. Je préfère suivre la définition qu’en donne Wikipédia :

 

 La sexologie est l'étude de la sexualité humaine et de ses manifestations

 

Ainsi la sexologie est-elle une discipline des sciences humaines, centrée sur un sujet : la sexualité humaine. Elle recoupe d’autres disciplines, mais n’est pas une branche particulière de l’une d’entre elles :

 

La biologie bien sûr, puisque l’homme possède un corps sexué, qui se reproduit par les rapports entre deux individus de sexe différent. La médecine, qui s’appuie sur la biologie, soigne les défections de ce corps dans l’exercice de sa sexualité, que ce soit organique (un organe est mal formé, absent ou malade) fonctionnel (un organe a priori en bonne santé ne « fonctionne » pas) ou comportemental (le comportement général de l’individu ne convient pas)

 

La sociologie. L’être humain n’est pas seulement un animal, un primate. C’est aussi –surtout – un être social utilisant un langage symbolique. Il organise sa vie en société, édicte des règles relationnelles entre les membres d’un même groupe. En particulier il y a des interdits. L’exercice de la sexualité est ainsi soumis à des règles qui font que l’on ne peut exercer sa sexualité n’importe comment, ni la partager avec n’importe qui. L’activité sexuelle, et plus encore la procréation qui en est une des conséquences, sont soumises à des règles très strictes qui varient selon les sociétés. Ceux qui les enfreignent risquent de se le voir reprocher durement. Par ailleurs, il existe des comportements valorisés et d’autres qui sans être interdits sont plutôt mal vus.

 

L’histoire. Dans le même pays, et dans la même culture, il existe de très nombreuses variations à l’exercice de la sexualité. En particulier, on constate que le modèle de « la femme idéale » ou de « l’homme idéal » a beaucoup varié au cours du temps, et sur des périodes assez courtes. Les relations sexuelles juvéniles – avant mariage – étaient très mal vues en France dans la première moitié du XXème siècle. Elles ont été peu à peu acceptées pour devenir la norme de nos jours.

 

L’économie. Il peut sembler curieux de citer l’économie comme discipline connexe à la sexologie. Pourtant la dimension économique de la sexualité est évidente. C’est à partir d’union sexuelle que se constituent les ménages et familles, qui sont les cellules de base de l’économie. On voit d’ailleurs dans les séparations conjugale combien les questions économiques et sexuelles interfèrent. Et n’oublions pas que « le plus vieux métier du monde » consiste à vendre une prestation sexuelle.

 

La psychologie. L’homme utilise sa sexualité pour beaucoup d’autres raisons que pour se reproduire. En particulier pour se faire plaisir et pour vivre et alimenter des relations amoureuses. Elle revêt donc une très grande importance dans sa vie psychique. Sigmund Freud fut un des premiers savants, du moins en occident, à mettre en évidence les rapports intimes entre sexualité et psychologie. La psychopathologie inclue les problématiques de la sexualité et l’on trouve très souvent, associé à des problèmes sexuels, une problématique psychique plus large. Pour autant, on ne peut pas dire que tout problème sexuel n’est que le « symptôme » d’un trouble psychique plus profond. On peut être en très bonne santé mentale et physique et ne pas être satisfait de sa sexualité.

L’ethnologie. Elle nous enseigne la grande variabilité des règles d’exercice de la sexualité en fonction d’autres valeurs de la société. Elle montre aussi qu’il existe des règles universelles dont la plus connue est l’interdiction de l’inceste : on ne doit pas avoir de rapports sexuels avec ses proches parents. L’application est différente d’un endroit à l’autre, mais il y a toujours, pour tout être humain, des partenaires sexuels interdits (ses parents, frères et sœurs notamment). Comment sont faits les enfants ? toutes les sociétés se sont posé la question et y ont répondu à leur manière ; on sait toujours qu’il faut que la mère (la femme qui accouche) ait eu des rapports sexuels avec des hommes, mais on ne se représente pas toujours de la même façon l’influence desdits rapports.

Le droit. La loi française précise que les époux se doivent communauté de vie et fidélité. En clair, cela veut dire qu’ils ne peuvent pas se refuser mutuellement l’union sexuelle et qu’ils sont supposer en réserver l’un à l’autre l’exclusivité. D’une manière plus générale, le droit limite l’exercice de la sexualité puisqu’il est interdit de forcer quelqu’un à une activité sexuelle. C’est même fortement réprimé comme un crime. Plus récemment, on a aussi limité l’usage de gestes, invitation à la sexualité ou usage abusif d’un vocabulaire à caractère sexuel.

On pourrait citer d’autres disciplines qui ont plus ou moins un rapport avec la sexologie, qui reste pour moi une discipline autonome.

 

 

 

 

La recherche en sexologie

 

Elle est difficile pour plusieurs raisons. D’abord elle recouvre plusieurs champs, ce qui oblige à varier les méthodes. Ensuite, la sexualité étant couverte par la pudeur, il n’est pas facile d’accéder à des faits incontestables dans le comportement et le ressenti sexuel des personnes. Le langage est également imprécis pour désigner les divers aspects de la vie sexuelle.

 

Il y a tout de même plusieurs types de recherches faites dans le champ sexologique :

 

1. Bio-médicales et pharmacologiques. En premier lieu, tout ce qui a été fait pour la contraception a largement contribué à libérer la sexualité. Des médicaments sont utilisés pour favoriser l’érection masculine (dont le célèbre ®Viagra) et des recherches sont menées pour les problèmes féminins. Tout en reconnaissant l’utilité de ces médicaments, lorsqu’ils sont correctement prescrits, je pense qu’il faut être vigilant quand aux risques de débordements. Il peut paraître facile d’attribuer un manque de satisfaction sexuelle à un problème physique, soignable par un médicament, et l’utiliser dans des cas ne correspondant pas à leur indication. Il y a ensuite un risque d’accoutumance. Les abus sont d’autant plus risqués que les services publicitaires des puissants laboratoires pharmaceutiques préparent le public à l’utilisation de telles artéfacts : on vous montre un très bel homme de la cinquantaine (par exemple le célèbre footballeur Pelé) accompagné d’un message sur la « normale » baisse de sexualité chez un fort pourcentage d’hommes mûrs (sans référence à une preuve vraiment convaincante) et on conclut pas « il y a des solutions – parlez-en à votre médecin ».

3. Les recherches psycho-sociologiques sur le comportement sexuel sont aussi fécondes si elles sont bien menées. Citons par exemple: Bajos, Nathalie (sous la direction de) Enquete sur la sexualité des français, Paris, La découverte, 2008. Mais il faut préciser que ces recherches indiquent ce que disent les français sur leur sexualité. On ne tient pas compte de la grande influence sur les réponses des représentations que se font les personnes de la sexualité. Ces recherches sont néanmoins fort utiles, car elles donnent une photographie assez précises de la manière dont les personnes vivent leur sexualité (pas forcément comment il la pratiquent exactement)

 

2. La chirurgie se développe aussi dans la sphère sexuelle. D’un part elle « répare » des problèmes organiques, d’autre part elle développe des artéfacts visant à modifier l’apparence corporelle. On connaît très bien les prothèses mammaires pour les femmes ayant eu un accident, mais surtout voulant augmenter le volume de leur poitrine. On connaît moins les modifications que les hommes apportent à leurs organes. Là encore, il y a un service rendu qui peut être utile, mais aussi un risque de dérapage.

4. C’est pour cela que, il y a quelques années, les sexologues américains William Masters et Virginia Johnson créèrent à Saint Louis dans le Missouri un centre de recherche sur la sexualité. Celui-ci a pu étudier en laboratoire la sexualité des humains sous diverses formes. Ces remarquables recherches ont rendu célèbres leurs auteurs qui eurent d’autres initiatives thérapeutiques originales. Actuellement, il paraîtrait difficile de mener de telles expériences car le rapport que l’on entretient à la sexualité a changé. C’est dommage, car on reste assez pauvre en données objectives sur les comportements sexuels.

5. Il y a une quinzaine d’années, j’ai personnellement participé à un travail de recherche en groupe avec des consœurs et confrères, ainsi que des volontaires non professionnels. Nous avons travaillé à partir de notre propre expérience de la sexualité, expérience vécue ou connue à partir de nos proches. Cette recherche a été très fructueuse et m’a personnellement beaucoup apporté dans ma pratique de sexologue. Malheureusement, elle n’a pas pu être publiée, pour la raison que j’invoquais plus haut : la sexualité est couverte par la pudeur et il est impossible – du moins en France à la fin du 20ème siècle – de publier et signer une recherche portant sur l’expérience personnelle de ses auteurs en matière de sexualité. Pour cette même raison, je m’abstiens de faire état ici de ce que nous avions mis au jour.

  

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La thérapie sexologique ou sexothérapie

 

Il est clair que le fait de considérer la sexologie comme une discipline autonome a une incidence forte sur la manière de répondre aux demandes sexologiques faites par les personnes qui viennent me voir.

 

Il existe, bien sûr, une médecine de la sexualité. Elle répond aux problématiques organiques et fonctionnelles de l’être humain. Elle est pratiquée par des médecins sexologues. Bien que diplômé de sexologie médicale, je ne suis pas médecin et ne pratique donc pas de telles interventions souvent fort utiles ; le cas échéant, je renvoie à un médecin sexologue. Mais la plupart – la quasi totalité - des problèmes sexuels que se posent les personnes venant me voir ne sont pas du ressort de la médecine.

 

Chaque demande est unique, mais on peut toutefois donner quatre grands types de raisons de solliciter une aide sexothérapeutique, qui se recoupent la plupart du temps :

 

1 . Les problèmes comportementaux

Des personnes, hommes ou femmes ne sont pas satisfaites de leur comportement sexuel et veulent le faire évoluer, ou changer. Je préfère parler d’insatisfaction en général plutôt que de mettre cette insatisfaction en catégorie. Le problème, en effet, n’est pas de catégoriser le type de comportement, mais bien de savoir si ce comportement est satisfaisant ou non. Un bon exemple est la durée de rapports sexuels. Il n’y a pas de norme pour cela mais certaines personnes, des hommes en particulier, trouvent qu’ils sont trop courts et que c’est insatisfaisant, pour eux ou leur partenaire.

 

Les thérapies cognitivo-comportementales sont en général la bonne réponse à ce genre de demande. Il s’y ajoute souvent un temps « pédagogique » d’explications sur la sexualité humaine.

 

2. Les problèmes relationnels

 

Ce sont les plus fréquents. Deux partenaires habituels ont une vie sexuelle qui ne leur plait pas (ou qui ne plait pas à l’un des deux). On se dirige alors vers une thérapie de couple, centrée au départ sur la question sexuelle, mais qui va, le plus souvent, porter sur l’ensemble de la relation. Voir à ce sujet les thérapies de couple.

 

 

3. Les questions identitaires et d’orientation

 

Il arrive qu’une personne vienne consulter un sexologue parce qu’elle se pose des questions sur son identité sexuelle ou son orientation sexuelle. Il s’agit de cas rare que l’on ne peut envisager qu’individuellement, sans possibilité de généralisation.

 

 

4. Le symptôme d’une autre problématique.

 

La sexualité est une des composantes fondamentales de l’être humain. Elle est en outre fragile et peut être perturbée par des facteurs non directement sexuels, comme un souci, un conflit, une maladie, un deuil. La dysfonction sexuelle est alors un symptôme et il faut se centrer sur la cause et on :s’achemine vers une psychothérapie. Mais, je le rappelle, ce n’est pas toujours le cas.

La sexologie, qui étudie la sexualité humaine, est une discipline fondamentale, qui est hélas peu développée dans notre société. Elle peut pourtant apporter beaucoup dans la connaissance de l’être humain, pour l’équilibre et le bonheur des personnes et celui de la société.